Acquisitions 2014


 

OLIVIER ROLLER
L'Homme au nez cassé

Olivier Roller, L'homme au nez cassé © Olivier Roller 2013, don de l'artiste

La photographie que l'auteur a offert aux collections du musée Réattu (tirage aux encres pigmentaires de 100x150 cm Ex. 1/8), a été à l'origine spécialement réalisée pour l'exposition Rodin, la lumière de l'antique, présentée au Musée départemental Arles antique du 6 avril au 1e septembre 2013. Elle était alors présentée en regard d'un bronze original d'Auguste Rodin, réalisé durant l'hiver 1864-1865 et intitulé L’Homme au nez cassé.
Rodin exécute, à l'hiver 1864-1865, le portrait d'un homme de son atelier, Bibi, dont le faciès particulièrement tourmenté semble particulièrement intéresser l'artiste, qui modèle sans concession la difformité de son nez écrasé et ses traits marqués par une vie rude. Il présente l’œuvre une première fois au Salon de 1865, sous la forme d'un masque de bronze. Le caractère inachevé  – préfigurant son travail futur sur la figure partielle – conjugué au réalisme du visage conduisent l'artiste au refus. Mais cette œuvre représente visiblement une étape clé dans l’œuvre du sculpteur.
Présenté de nouveau au Salon de 1875, l'Homme au nez cassé est cette fois-ci accepté, mais dans une version plus académique taillée dans le marbre, qui emprunte plus largement au vocabulaire de la statuaire antique.
Si la photographie  de L’Homme au nez cassé s'inscrit  dans une série photographique plus large, intitulée Figures du pouvoir. Olivier Roller s'y intéresse à la question du pouvoir, en interrogeant quatre types de modèles différents : les effigies d'empereurs romains, qui évoquent les origines du pouvoir et sa vanité ; les hommes de pouvoir d'aujourd'hui, qui parlent autant du masque que le pouvoir confère que du fantasme qu'il représente ; sa mère, symbole ultime de l'autorité familiale ; enfin l'autoportrait, dans lequel il explore sous un angle insolite la relation entre le photographe et son modèle. Les images qui en résultent, passées au crible d'un regard qui ignore toute forme de concession, à l'image de Rodin sont comme autant d'incarnations des différentes facettes du pouvoir, de sa pérennité dans le temps, de sa transmission à sa décadence. Le cadrage très serré de ses images, ne saisissant que les têtes, les isolant ou les détachant du corps, de même que le fond intensément noir dans lequel il plonge les formes, rapproche le travail du photographe de celui du sculpteur, dans le sens où les deux approches plastiques procèdent par enlèvement de matière. De même, l'agrandissement des images, réalisées à l'aide d'un appareil numérique, est poussé jusqu'à la limite où le pixel, grain photographique contemporain, affronte le grain de la pierre, donnant à l'image l'impression d'une troisième dimension, renforcée par un éclairage dramatisant accentuant fortement les volumes et les détails de la sculpture.

JEAN-BLAISE PICHERAL
Les Génies, Achat avec l'aide du FRAM

Jean-Blaise Picheral, Les Génies, 2013. Acquisition avec l'aide du FRAM © C. Clier

Jean-Blaise Picheral est né en 1946 à Belfort, il s'installe en Arles en 2008 où il ouvre la galerie/atelier Archipel avec la photographe Laura Jonneskindt. Architecte et urbaniste de formation, Jean-Blaise Picheral a une approche très orientée de la sculpture, « […] la sculpture n'est pas la sculpture elle-même, mais le lieu créé par la sculpture ». Il rejoint en cela l'un des points fort développé dans la collection du musée Réattu, qui de Toni Grand à Bernard Dejonghe ou d'Hélène Agofroy à Marcel Robelin en passant par Bernard Pagès a suscité des commandes de sculptures en lien très étroit avec l'architecture de la ville et de ses monuments.
Cette sensibilité particulière, a incité le musée Réattu, dans le cadre de l'exposition Nuage, à proposer à l'artiste de créer pour la première cour du musée une oeuvre appartenant à la série des «Portraits empreintes » sur laquelle il travaille depuis près de 10 ans. Ces portraits sont issus de l'empreinte digitale (ancêtre de l'ADN, dixit J.-B Picheral) agrandie d'amis ou de proches. L'échelle développée pour le musée transcende ce que l'artiste avait réalisé jusqu'alors, de même que le choix du matériau la tôle d'acier brut. Les oeuvres de Jean-Baptiste Picheral renvoient aux Cuerpos celestes de Iñigo Manglano-Ovalle - présent également dans l'exposition avec ses DNA Portrait of Lisa Lee & DNA Portrait of Kerry James Marshall - et reprennent l'un des fils conducteurs de l'exposition, « […] nous ne sommes faits que de nuages. »
La dimension physique et surtout pas anthropomorphique de ces œuvres et leur rapport avec ce nouvel environnement appelaient naturellement à proposer aujourd'hui l'acquisition de cette série dont les pièces présentées sont un aboutissement