Acquisitions 2012


 

JAVIER PEREZ
Oda I, II et III

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La série intitulée Oda est issue d'une performance réalisée au cours de l'hiver 2008, en Italie. Ce travail, auquel l’artiste songeait depuis un certain temps, reposait sur la présence d’un cheval noir, le plus noir possible, qu’il mit longtemps à trouver, et qu’il rencontra par hasard au cours d’un voyage en Lombardie : Odalisque, une jument. Javier Perez ne se voit pas comme un photographe, et tout dans les images qui composent la série désigne d’abord un travail de sculpteur, au sens de celui qui « enlève » : le cadrage serré sur le contact entre deux peaux, le fond noir qui isole les formes, la fragmentation des corps en une séquence de plans rapprochés dans lesquels le visage échappe en permanence ; tout ce qui est dérobé, comme la nudité totale de l’artiste, ou le paysage autour. L'acquisition de cette œuvre prend tout son sens dans une politique d'enrichissement des collections sensible aux débordements des frontières, aux croisements des disciplines, et à la rencontre entre sculpture et photographie,cette fois dans l’écho d’une performance.

VASCO ASCOLINI
Hommage à Yves Klein (série)

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Vasco Ascolini a fait du noir le principe constitutif de ses images. Les images du photographe sont régies par cette matière noire, incarnation du vide, dont la profondeur a une dimension toute métaphysique. Passionné par la philosophie du Judo, qu’il a pratiqué à haut niveau pendant de longues années – et où la notion de vide est fondamentale – Vasco Ascolini a eu parmi ses maîtres dans la discipline l'un de ceux qui ont également formé un autre artiste, Yves Klein. Dans cette série , Vasco Ascolini tente de transposer en image les principes et la philosophie du Judo : il plonge les deux combattants sur un fond d'un noir insondable qui les isole dans un vide absolu. Les négatifs de cette série, n'avaient jamais été développés. Retrouvés très récemment par le photographe, parmi une collection de près de 60.000 négatifs, ils ont été tirés pour la première fois en 2011. L’auteur a limité la production à 3 exemplaires. Le musée possède déjà un ensemble important d’images de Vasco Ascolini, pour la plupart centrées autour de la commande qui lui a été passée en 1990 sur le patrimoine architectural arlésien.

STERENN DONNIO
Anastylose

Le travail de Sterenn Donnio, diplômée en 2011 de l’École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles, est profondément marqué par le concept de disparition. Ses œuvres parlent toutes de la permanence – ou plutôt de l'impermanence – des choses face aux effets du temps, de l'oubli ou de la destruction. Pour réaliser la vidéo intitulée Anastylose, ville éphémère, l'artiste a d'abord sculpté une architecture de glace. La prise de vue de cette ville imaginaire, à la fois improbable et étrangement familière, s’est faite suivant un protocole qui en renforce l’ambiguïté. Des quatre heures nécessaires pour la fonte naturelle de la glace, ne subsistent que 14 minutes, le temps d’un aller-et-retour hypnotique, entre la disparition et la reconstruction : à mi-chemin du film, le processus s’inverse, et la ville repousse, anastylose d’un nouveau genre. Le musée Réattu, qui cultive son lien avec le vivier que constitue l'École Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles, à déjà fait l'acquisition par le passé de deux pièces fortes d’étudiants tout juste diplômés de l’École : I'm living, I'm dying de Sun Yung Ha en 1999, et Barroco de Mélina Jaouen en 2010, deux vidéos très liées à la pratique de la performance et dont le corps de l'artiste est l’objet central. L'intérêt d'Anastylose est de proposer une autre démarche, qui explore le monde de la fiction à travers une installation éphémère et complètement fabriquée.

MICHEL DUPORT
Cependant, sans illusion(s) I et II

Michel Duport fait partie de cette famille d’artistes qui réactivent de façon très contemporaine les principes d’une école française et classique de la peinture. Toute son œuvre donne très clairement la première place au dessin, et ce quelque soit la catégorie qu’il aborde, en deux ou en trois dimensions. Tout récemment, ses dessins à la fonte d’aluminium apparaissent comme le dernier avatar de cette adhérence entre sculpture et peinture. L’acquisition de deux de ces fontes, pour lesquelles l’artiste a conçu des socles en plâtre qui n’ont rien d’interchangeables, ainsi que de 4 dessins préparatoires, offerts par l'artiste, permet de parfaire la présence de son œuvre dans les collections du musée (qui conservent déjà une peinture, un relief et un petit tableau-volume) et de rendre compte dans toute sa richesse d’un parcours singulier autour de la question de la peinture et de sa présentation.