Jacques Réattu, 1760-1833, Coffre d'harmonica en verre, Paris, 1786-91, Bois doré, huile sur cuivre
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Jacques Réattu, 1760-1833, Coffre d'harmonica en verre, Benjamin Franklin jouant de l'harmonica de verre

 

Concert de Glass harmonica

Dans ses collections, le musée possède un coffre décoré par Jacques Réattu qui abritait un instrument de cristal peu connu aujourd’hui, le glass harmonica. Le 10 novembre 2017, le public a pu entendre les sonorités si particulières de cet instrument rare lors d’un concert interprété par le spécialiste Thomas Bloch et Pauline Haas, harpiste. Oeuvres classiques et contemporaines ont permis au public de découvrir cet instrument méconnu ainsi que ce magnifique coffret.

En 1743, l'irlandais Richard Puckeridge a l'idée de frotter le rebord de verres à pied posés sur une table, plus ou moins remplis d'eau afin de les accorder et appelle l'instrument seraphim (ou parfois verres musicaux). En 1761, Benjamin Franklin améliore le principe et met au point le glass armonica (armonica de verre en français). Il est formé d'un nombre variable de bols en cristal, en verre ou en quartz, soufflés par un maître-verrier, généralement entre 20 et 54. Le modèle de concert courant compte 37 bols (trois octaves). Leurs diamètres déterminent la fréquence (la hauteur de la note). Un bouchon en liège percé est placé en leurs fonds. Ils sont enfilés sur un axe métallique, emboîtés les uns dans les autres, sans se toucher, chromatiquement. Mis en rotation à l'aide d'une pédale ou d'un petit moteur électrique, l'interprète en frotte les rebords avec ses doigts mouillés pour les faire "chanter".

Le glass harmonica fut interdit par un décret de police dans certaines villes d'Allemagne et disparut vers 1835. Parmi les raisons invoquées : ses sons font hurler les animaux, provoquent des accouchements prématurés, abattent l'homme le plus robuste en moins d'une heure (selon un dictionnaire médical de 1804) et suscitent la folie des interprètes (sans doute le saturnisme, le cristal étant composé de 24% de plomb et la peinture disposée sur certains verres, pour repérer les "touches" noires, contenant également ce matériau à l'époque). Pourtant, Paganini en parle comme d'un "orgue angélique", Marie Antoinette en joua, le docteur Franz Anton Mesmer s'en servit pour relaxer ses patients avant de les soigner, Wolfgang Amadeus Mozart, Ludwig van Beethoven, Carl Philipp Emmanuel Bach, Gaetano Donizetti et Richard Strauss composèrent pour lui. Le maître verrier Gerhard Finkenbeiner le redécouvrit dans les années 1960 et en repris la fabrication à partir de 1982.

Thomas Bloch (né à Colmar en 1962) joue et possède deux de ces instruments (en 442 et en 430 Hz) et est l'un des très rares glassharmonicistes professionnels au monde.