Chambre d’écoute
Département d’Art Sonore

Programme 2021 - 2022
Carte blanche à Félix Blume et Dominique Petitgand

La Chambre d’écoute explore les plis et replis de la création acoustique. Félix Blume et Dominique Petitgand prennent possession de cet igloo acoustique pour l’année 2021-2022. Les deux artistes ont été sélectionnés par les partenaires du musée Réattu dans le cadre du Département d’Art Sonore : Phonurgia Nova et le CNAP. 

Félix Blume (France, 1984) du 18 mai au 30 octobre 2021

Artiste sonore et ingénieur du son, il vit actuellement entre le Mexique, le Brésil et la France. Il façonne le son comme une matière pour créer ses pièces sonores, ses vidéos, ses actions ou installations. Son travail, centré sur l’écoute, nous invite à transformer notre perception de l’environnement. Il utilise l’espace public tant comme lieu d’expérimentation que comme lieu de présentation de ses projets, effectués souvent en collaboration avec des groupes de personnes. Il est intéressé par les mythes et l’interprétation contemporaine que l’on peut en faire, par le dialogue entre les humains et le contexte – naturel ou urbain – qu’ils habitent, par ce que les voix nous racontent, au-delà des mots.

Dominique Petitgand (France, 1965) du 2 novembre 2021 au 30 avril 2022

Depuis 1992, Dominique Petitgand compose et réalise des pièces sonores, où les voix, les bruits, les atmosphères musicales et les silences construisent, par le biais du montage, des micro-univers où l’ambiguïté subsiste en permanence entre un principe de réalité (l’enregistrement de la parole de gens qui parlent d’eux) et une projection dans une fiction onirique, hors contexte et atemporelle.
Il définit ses oeuvres comme «des récits et paysages mentaux». Il inventorie de façon quasi obsessionnelle, et toujours emprunte de musicalité, des voix, des gestes, des humeurs, afin de prendre acte d’une parole, d’un état ou d’un manque. À travers ses pièces sonores, il propose une histoire en creux, en devenir, qui n’appartient qu’à l’auditeur.

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Félix Blume, Horses Talk

Félix Blume, Horses talk

Calendrier 18 mai - 30 octobre 2021
Félix Blume

18 – 30 mai
Horses Talk (Conversation de chevaux) Dii, Hai, O et autres mots de chevaux (7’19”, Août 2018)  

Dans le petit village de Benești, à quelques heures à l’ouest de Bucarest, les habitants utilisent les chevaux et leurs charrettes pour aller aux champs. Les conducteurs s’adressent à leurs chevaux pour leur indiquer la marche à suivre, la direction à prendre et la vitesse adéquate. Les voix nous racontent, et, au-delà des mots, nous invitent à l’écoute de leurs timbres, de leurs rythmes, de leurs mélodies qui s’entremêlent. 

31 mai – 27 juin
Los Gritos de México, Pièce quadriphonique, 10’, 2015 

Mexico, plus de 20 millions d’habitants réunis, ça fait du bruit ! À Mexico on crie pour se faire entendre, pour se sentir unis, et quand on manifeste on crie aussi ¡ Viva Mexico ! On crie dans l’église, on prie ensemble ou on prie seul en chuchotant dans le silence de la nuit. Le tonnerre gronde : personne ne peut crier contre l’orage, et la pluie nettoie la ville, silencieuse. On chante pour oublier, on crie à nouveau, plus fort que les autres, pour ne pas se faire oublier. Le paysage sonore quotidien est bien souvent une nappe sonore continue de circulation proche et lointaine. Mexico ajoute à cette nappe toute une série de sons qui font la spécificité sonore de la ville : les cris et sons des vendeurs ambulants en sont en grande partie responsables. 

28 juin – 1er août
Curupira, bête des bois, Vidéo et son quadriphonique, 35’, 2018 

Au cœur de l’Amazonie, les habitants de Tauary nous invitent à écouter les sons de leur forêt, avec ses oiseaux et ses animaux. Certains sons étranges apparaissent pourtant : une créature rôde entre les arbres. Parmi ceux qui l’ont déjà entendue, très peu l’ont vue, et ceux qui l’ont rencontrée n’en sont jamais revenus. Elle charme, elle enchante, elle rend fou, elle emmène les gens, elle les pousse à se perdre : chacun la raconte à sa manière et tente de décrypter ses appels. Curupira, bête des bois nous emmène à la recherche de cet être : une réflexion sur les mythes et sur leur place dans le monde contemporain, un thriller sonore en pleine jungle. 

2 août – 29 août
Sapo, 9 canaux, 60’, 2018 

Le Sapo (Crapaud en espagnol) est la personne qui annonce aux chauffeurs l’intervalle de temps entre deux bus de la même ligne, pour qu’ils conservent leur distance et optimisent le nombre de passagers à leur bord. A Valparaíso, c’est un personnage typique de la rue, toujours accompagné de son carnet de notes pour y faire ses calculs. Son cri est une référence, la marque sonore d’un lieu. Ce projet présente une installation visuelle et sonore du métier de Sapo. Elle s’appuie sur l’accumulation des carnets de notes de neuf d’entre eux, et fait entendre le son de leurs cris. Par la suite, les voix de certains habitants de la ville, disant les numéros des lignes de bus, ont été ajoutées, éveillant un imaginaire du flux de passagers. L’installation tente de révéler la poétique d’une information éphémère qui perd sa valeur en quelques minutes. 

30 août – 26 septembre
Mutt Dogs, Chiens de rue en binaural (5’09’’, 2017) 

Connus sous le nom de “vira-latas” (retourneurs de poubelle), les chiens de rue nous proposent une écoute de leur monde canin et de leur cohabitation avec les humains. Quand on est chien, on aime fouiller dans les déchets pour y dénicher quelque chose à manger, on aboie quand une moto passe, on court autour des voitures qui envahissent notre territoire, on se faufile à l’intérieur des maisons et on explore les terrains abandonnés. Une balade sonore au ras du sol, enregistrée en binaural par des chiens d’un quartier récemment urbanisé en bordure de Belo Horizonte, au sud-est du Brésil. 

27 septembre – 30 octobre
Fuga, stéréo, 6’49’’, 2016 

Lecheria est un quartier du nord de la ville de Mexico. Les trains de marchandise du sud du pays y arrivent, ceux du nord en repartent. C’est un passage obligé pour les migrants qui utilisent les trains pour rejoindre les États Unis. Plus qu’un lieu de passages, c’est un lieu de voyages. Le voyage comme mode de vie, sans destination et sans départ. Au bord des voies, on imagine le futur, on s’invente un passé. Le train passe, porteur d’espoir. On court à ses côtés et d’un saut on s’embarque. Ami du voyage, il devient bestial, il nous appelle, en rugissant et menaçant, il se nourrit de chair humaine… L’aller devient retour, le voyageur devient immobile. Résonne en lui le nom de lieux traversés et rêvés.